Restaurée en 1997, l’origine de cette fontaine est étroitement associée à la légende des Brumes de Montalembert. Son histoire épique est remarquablement retracée dans le livre de Jean-Pierre Groussaud “Les mémoires du Tilleul de Montalembert”. (P175 Extraits)
Au cours de ma prime enfance et de mon adolescence, il y eût bien quelques incertitudes concernant la régularité de mon débit, mais il s’agissait de problèmes saisonniers ou encore dus à la sécheresse prolongée.
Donc rien de dramatique, même si les laveuses prétendaient que, “quand même o y a moins d’eau qu’avant” ! Des bavardages…
Elle assurait alors correctement son service compte tenu des cycles climatiques ordinaires, mais rien de plus.
Quand on sait qu’elle sourd ici, au sommet de la colline, et qu’elle aurait des origines miraculeuses, ce n’est déjà pas si mal…
Bien sûr miraculeuse ! C’est en tout cas ce que nous révèle “La légende des brumes”.
Ce fut si vrai, qu’en 1692/1693, son système d’évacuation par trop plein posa même quelques problèmes pratiques aux “allant et venant” en aval de son exutoire. Les pluies ininterrompues de cette fin de XVII ème l’avaient transformée en un véritable torrent qui dévalait la colline en direction de Limalonges, au Nord. Le maigre ruisseau que l’on voyait cheminer à travers prés se transforma en rivière. Impressionnant.
En 1709, nouveau problème avec un hiver polaire et des températures tenaces à moins 20°. Là, ce sont les ruissellements autour du presbytère qui transforment les chemins en véritable patinoire, d’autant que le sabot clouté est la chaussure à la mode.
En résumé, avec des hauts et des bas, notre fontaine assure alors sa mission de service public à la satisfaction quasi-générale.
Un siècle plus tard,…, en 1807, débute un inquiétante période d’années de sécheresse.
Régulièrement, tous les ans, l’étiage d’automne prend des allures de catastrophe, au point que les municipalités en place et leur inamovible maire, Jean Lucain Brothier de Chambes, alertent les autorités départementales en vue d’obtenir une aide au financement de travaux d’amélioration du captage.
Un devis est même soumis au préfet qui l’approuve, mais la toute jeune municipalité n’a pas les moyens financiers de passer à l’acte.
On souffre encore quelques années, puis la tendance s’inverse et Dame Météo consent à participer au rétablissement de la situation.
L’évacuation des eaux de la source formait à l’époque, immédiatement en aval, une mare où s’ébattaient quelques poissons, et où le petit bétail s’arrêtait pour se désaltérer. La commune vendait chaque année le terreau produit par le marigot et les choses restaient en l’état jusqu’à l’automne prochain.(…)
En juillet 1835 donc, le maire Jean Friot, laboureur et propriétaire foncier de son état, lance une souscription auprès de la population pour “sauvegarde et rétablissement de la fontaine publique”.(…)
Une soixantaine de donateurs répondent à l’appel pour un montant de 250 à 300 F (…)
Toujours est-il que le 30 décembre de cette année 1835, le conseil municipal de Jean Friot se voit dans l’obligation de créer un impôt spécifique pour compléter un nouvel appel à solidarité communale.
Il y a péril en la demeure et des sommes conséquente pour l’époque vont être consacrées au sauvetage de l’ouvrage.(…) En outre, de très nombreux petits laboureurs et journaliers apportent leur concours à l’action en participant manuellement aux travaux. Une remarquable solidarité communale dont les efforts seront couronnés de succès, car la situation est ainsi redressée durablement.
Quelques hivers rigoureux font bien éclater les pierres du lavoir réputées non gélives dans les années 1865/1870, mais rien de bien sérieux. Ils seront suivis d’une sécheresse “historique” dès le début de l’année 1870.
Alors que le cheptel est décimé par le manque de nourriture, le mois de mai voit se déverser un véritable déluge et la situation se normalise une fois encore.
De manière récurrente, les problèmes de débit reviennent à l’ordre du jour.
Après une dizaine d’années de stabilisation relative, la situation se dégrade à nouveau à partir des années 1880, et le 6 mai 1883 le maire fait appel à un “homme de l’art” pour une expertise d’étanchéité à “la fontaine et au lavoir” comme le précise le bon de commande. Son projet de réhabilitation et de modernisation de l’ensemble, tel qu’il figure dans le dossier est approuvé et réalisé sans délai, conformément au plan.
Le 10 mars 1885 on procède à la réception définitive des travaux réalisés qu’il faut bien régler malgré leur évidente inefficacité, “l’Entreprise ne pouvant être tenue pour responsable d’un problème de rendement de la résurgence”!(…)
La population ne saurait se satisfaire d’un raisonnement aussi frustrant. Il faut un coupable. Le curé Proust, qui a fait creuser un puits dans son jardin contigu, fera l’affaire.
On l’accuse de siphonner l’eau de la fontaine à son profit dans les conditions rocambolesques développées par ailleurs. Beaucoup d’agitations pour rien, évidemment.
Dans les années 1930, les laveuses n’ont même plus assez d’eau pour rincer leurs lavages et la commune installe une pompe manuelle pour y remédier.(…)
La vie de notre fontaine n’est en réalité que le symbole local d’un inéluctable appauvrissement des ressources en eau de notre monde que l’on tente vainement de conjurer par des mesures artificielles.(…)
De toute évidence les prophéties d’Almodis résistent mal au réchauffement climatique…